法語小說閱讀:小東西下篇(1)
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來源:網絡
2021-02-19 01:18
編輯: 歐風網校
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法語小說閱讀:小東西下篇(1)
DEUXIEME PARTIE 續篇
Chapitre I MES CAOUTCHOUCS *章 我的膠鞋
QUAND je vivrais aussi longtemps que mon oncle Baptiste, lequel doit être à cette heure aussi vieux qu'un vieux baobab de l'Afrique centrale, jamais je, n'oublierai mon premier voyage à Paris en wagon de troisième classe.
C'était dans les derniers jours de février ; il faisait encore très froid. Au-dehors, un ciel gris, le vent, le grésil, les collines chauves, des prairies inondées, de longues rangées de vignes mortes; au-dedans, des matelots ivres qui chantaient, de gros paysans qui dormaient la bouche ouverte comme des poissons morts, de petites vieilles avec leurs cabas, des enfants, des puces, des nourrices, tout l'attirail du wagon des pauvres avec son odeur de pipe, d'eau-de-vie, de saucisse à l'ail et de paille moisie. Je crois y être encore.
En partant, je m'étais installé dans un coin, près de la fenêtre, pour voir le ciel ; mais, à deux lieues de chez nous, un infirmier militaire me prit ma place, sous prétexte d'être en face de sa femme, et voilà le petit Chose, trop timide pour oser se plaindre, condamné à faire deux cents lieues entre ce gros vilain homme qui sentait la graine de lin et un grand tambour major de Champenoise qui, tout le temps, ronfla sur son épaule.
Le voyage dura deux jours. Je passai ces deux jours à la même place, immobile entre mes deux bourreaux, la tête fixe et les dents serrées. Comme je n'avais pas d'argent ni de provision, je ne mangeai rien de toute la route. Deux jours sans manger, c'est long ! Il me restait bien encore une pièce de quarante sous, mais je la gardais précieusement pour le cas où, en arrivant à Paris, je ne trouverais pas l'ami Jacques à la gare, et malgré la faim j'eus le courage de n'y pas toucher. Le diable c'est qu'autour de moi on mangeait beaucoup dans le wagon. J'avais sous mes jambes un grand coquin de panier très lourd, d'où mon voisin l'infirmier tirait à tout moment des charcuteries variées qu'il partageait avec sa dame. Le voisinage de ce panier me rendit très malheureux, surtout le second jour. Pourtant ce n'est pas la faim dont je souffris le plus en ce terrible voyage. J'étais parti de Sarlande sans souliers, n'ayant aux pieds que de petits caoutchoucs fort minces, qui me servaient là-bas pour faire ma ronde dans le dortoir. Très joli, le caoutchouc ; mais l'hiver, en troisième classe... Dieu! que j'ai eu froid ! C'était à en pleurer. La nuit, quand tout le monde dormait, je prenais doucement mes pieds entre mes mains et je les tenais des heures entières pour essayer de les réchauffer. Ah! si Mme Eyssette m'avait vu!...
Eh bien, malgré la faim qui lui tordait le ventre, malgré ce froid cruel qui lui arrachait des larmes, le petit Chose était bien heureux, et pour rien au monde il n'aurait cédé cette place, cette demi-place qu'il occupait entre la Champenoise et l'infirmier. Au bout de toutes ces souffrances, il y avait Jacques, il y avait Paris.
Dans la nuit du second jour, vers trois heures du matin, je fus réveillé en sursaut, le train venait de s'arrêter : tout le wagon était en émoi.
J'entendis l'infirmier dire à sa femme :
“Nous y sommes.
- Où donc ? demandai-je en me frottant les yeux.
- A Paris, parbleu ! ” Je me précipitai vers la portière. Pas de maisons.
Rien qu'une campagne pelée, quelques becs de gaz, et à et là de gros tas de charbon de terre; puis là-bas, dans le loin, une grande lumière rouge et un roulement confus pareil au bruit de la mer. De portière en portière, un homme allait, avec une petite lanterne, en criant : “ Paris ! Paris ! Vos billets ! ” Malgré moi, je rentrai la tête par un mouvement de terreur. C'était Paris.
Ah ! grande ville féroce, comme le petit Chose avait raison d'avoir peur de toi !
Cinq minutes après, nous entrions dans la gare.
Jacques était là depuis une heure. Je l'aper us de loin avec sa longue taille un peu vo tée et ses grands bras de télégraphe qui me faisaient signe derrière le grillage. D'un bond je fus sur lui.
“ Jacques ! mon frère !...- Ah ! cher enfant ! ” Et nos deux ames s'étreignirent de toute la force de nos bras. Malheureusement les gares ne sont pas organisées pour ces belles étreintes. Il y a la salle des voyageurs, la salle des bagages ; mais il n'y a pas la salle des effusions, il n'y a pas la salle des ames. On nous bousculait, on nous marchait dessus.
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